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Grandes Conférences

 

La participation aux grandes conférences est ouverte au public et gratuite sur inscription obligatoire en envoyant un e-mail avant le 30 mai à cette adresse : brulau2025@univ-amu.fr

Performances Queer

Lundi 2 juin 2025 14h-16h, Ilot Bernard Dubois

Salle 03

Animation : Samuel Vernet, AMU

Monia Lachheb, Université de la Manouba, IRMC

Jeu de genre et performances queer en Tunisie : des formes de résistances ?

La présente contribution s’intéresse à des performances queer en Tunisie, présentées lors d’événements queer dans la Tunisie post 2011, une société marquée par une hétéronormativité pesante. Celle-ci se décline en des prescriptions religieuses qui dictent le licite et l’illicite, des textes juridiques qui gèrent l’intime et des normes sociales qui stigmatisent et dénigrent la diversité sexuelle. Il s’agit, en effet, de la performance de danse traditionnelle tunisienne, Elle et Lui, présentée par Achraf ; la performance du drag queen présentée par Khookha; enfin, la performance de Rania qui s'investit dans le clown activisme. L’intérêt est de rendre compte des jeux de genre qui fondent ces représentations, les significations que les acteurs et actrices attribuent à leurs actes et les arguments qui justifient leurs usages. Dans ce cadre, le corps se manifeste comme un enjeu central d’unepolitique de résistanceenvisagéepour repousser les limites du possible et briser le système de la binarité du genre et des sexualités.

Marc Jahjah, Université de Nantes, LAMO

Fantasmes orientalistes et devenirs queers : rencontrer L@dy Booba

L@dy Booba est un avatar, un masque, une bête née dans les marges d’un terrain hostile : une application gay de rencontres, Grindr. À la croisée du drag, de l’enquête ethnographique et de la performance mystique, j’explore les formes que prennent le genre, la race et la classe dans les interactions numériques. Mon personnage, L@dy Booba, surgit comme une créature glitchée, hypermasculine et maquillée, pour troubler les fantasmes raciaux et les scripts genrés dominants. Entre invocation, ASMR, filtres et récits, je propose une traversée des zones d’ambiguïté - là où s’emmêlent désir et violence, identification et désidentification. Ce que je cherche : ouvrir une faille, rendre visible l’économie érotique postcoloniale, et laisser place à des devenirs monstrueux.

Gianfranco Rebucini (CNRS, LAP)

Ethnographie queer, ethnographier en queer

Cette communication part d’un besoin de réfléchir en anthropologie à ce que veut dire faire une ethnographie queer et/ou en tant que queer. Si le rapport entre anthropologie et approches queer a souvent été un « rapport gênant » (awkward) pour reprendre une formule célèbre de Marilyn Strathern, il en demeure pas moins que les questions d’engagement personnel et corporel, de positionnalité, ou de critique des catégories que les approches queer charrient, s’avèrent des instruments épistémologiques et méthodologiques puissants pour penser le travail de terrain et la production du savoir. Ainsi, une ethnographie queer ne regarderait pas uniquement l’étude de vies queer, mais concernerait également une critique des méthodes d’enquête à partir des expériences des chercheur·ses en tant que queer, afin de pouvoir « imaginer », « désirer » et « penser autrement » en anthropologie.

Dis-moi ce que tu manges… Ce que le genre fait à l’alimentation

Mardi 03 juin 9h30-11h30,  Ilot Bernard Dubois

Salle 03

Animation : Kathrin Julie Zenker, Aix-Marseille Université

Anne Isabelle François, Université Sorbonne Nouvelle, Centre d’études et de recherches comparatistes (EA 172), GIS Institut du Genre

Imaginaires des marmites : recettes, goûts et appétits genrés

« Nous nous nourrissons de nutriments, mais aussi d’imaginaire », écrit Claude Fischler dans L’homnivore (1990/1993), interrogeant les racines de nos représentations, de nos appétits et de nos pratiques. L’alimentation, à la fois normative, prescriptive et coercitive, n’est jamais qu’une affaire de goût. Phénomène de régie subjective et collective, à la croisée des catégories, elle imbrique le biologique et le social. Indissociable des images et croyances culinaires, s’y structurent et se reproduisent des ordres symboliques et des pratiques culturelles, comme s’y brouillent et se redéfinissent les frontières entre le moi et l’autre. Lieu ambivalent de pouvoir et d’agentivité, d’assignations et de normativités, la cuisine, lieu éminemment genré, est traversée par les contraintes et tensions. Représentant et questionnant le rapport à l’autre et à la communauté, contribuant à modéliser les impératifs genrés mais aussi à les interroger en travaillant l’écart ou la transgression, les imaginaires comestibles et la répartition des territoires alimentaires constituent un formidable terrain d’investigation pour examiner qui mange et cuisine quoi (et comment), et réfléchir l’intersection entre genre, sexualités et alimentation.

Edmée Ballif, Université de Lausanne, Plateforme en Etudes Genre (PlaGe)

Des vaches, des enfants et des mères véganes : résistances et reproductions dans le genre alimentaire

Nourrir les enfants est au cœur des normes sociales de la « bonne » maternité. Si des prescriptions alimentaires fortes pèsent sur les parents, et en particulier les mères, qu’en est-il lorsque les parents adoptent un régime alimentaire alternatif comme le véganisme ? Contester les normes alimentaires dominantes se traduit-il par une remise en question des normes de genre ? Pour certains mouvements écoféministes, le véganisme est une forme de résistance au patriarcat, car il dénonce l’exploitation commune des femmes et des animaux. Pourtant, comme le montre mon enquête qualitative auprès de familles véganes en Suisse, adopter une alimentation alternative peut renforcer un régime de genre traditionnel. La figure de la vache est fortement mobilisée dans le récit de mères véganes, symbole d’un imaginaire biologisant de la maternité. Explorer le genre alimentaire permet ainsi de réfléchir à l’articulation entre résistance et reproduction des régimes de genre et des régimes alimentaires.

Susanne Böhmisch, Aix-Marseille Université, ÉCHANGES (UR 4236)

Du lait au sang dans l’avant-garde féministe

L’avant-garde féministe des années 1970 est marquée par une forte convergence entre les luttes politiques et les esthétiques, par une dimension transnationale et par un recours massif à la performance. De nombreuses femmes artistes investissent leur propre corps, souvent de manière radicale, parfois humoristique, afin de dénoncer et resignifier un système de représentations ainsi que des mécanismes d’incorporation de normes genrées. Le champ culinaire en fait partie, et dans ces œuvres la nourriture, que Marcel Mauss a qualifiée de « fait social total », se révèle bien souvent un fait social total genré. Certains aliments particulièrement chargés en dimension symbolique, comme le pain ou le lait, subissent des traitements radicaux, des détournements parodiques, et participent à la mise en lumière de structures oppressives mais aussi à des formes d’empowerment. Les réflexions sur l’avant-garde féministe des années 1970 permettent de repenser différentes avant-gardes (du début du XXe au début du XXIe siècle) sous le prisme du genre et de l’alimentation.

Genre en migration : reconfigurations et vulnérabilités

 Jeudi 05 juin 9h30-11h30, Ilot Bernard Dubois

Salle 03

Animation : Constance De Gourcy (AMU)

Sana Benbelli, Université Hassan II de Casablanca, LADSIS

Entre frontières mouvantes et reconversions forcées : les trajectoires des travailleuses transfrontalières Maroc/Espagne

Cette intervention propose une réflexion sur la mobilité féminine transfrontalière entre Ceuta et les villes marocaines comme Fnideq et Tétouan. Une mobilité qui s’inscrit dans une continuité postcoloniale cristallisant les inégalités territoriales, économiques et symboliques et de genre. Les porteadoras, (appelées également porteuses, mulets ou Beghallat) travailleuses marocaines transfrontalières, incarnent une mobilité contrainte, façonnée par plusieurs discriminations héritées du colonialisme et réactivées par des dispositifs contemporains de contrôle. Ces femmes circulant dans les interstices du commerce international, contournaient les régulations étatiques pour maintenir une économie informelle essentielle aux deux rives. Malgré les tensions politiques et les restrictions frontalières, ces femmes ont inventé des tactiques de mobilité et de survie qui leur ont permis d’assurer à la fois le caregiving et le breadwinning à leur famille. Suite à la fermeture définitive des frontières depuis 2020, les travailleuses transfrontalières se sont vues contraintes à une reconversion forcée qui a soulevé plusieurs questions en lien avec la précarisation, le renforcement des assignations de genre et l’invisibilisation de ces femmes dans les politiques publiques.

Asuncion Fresnoza Flot, Université Libre de Bruxelles, LAMC

Vulnérabilités intersubjectives dans le système global de reproduction sociale : les expériences des femmes migrantes philippines et de leurs familles

Le corpus de travaux sur le genre et la migration met en évidence les vulnérabilités des femmes migrantes qui effectuent un travail reproductif rémunéré et non rémunéré dans les sphères publique et privée de leur pays d’origine et de leur pays d’accueil. Étant donné que chaque pays a son propre système de reproduction sociale et que chaque système est lié à un autre par des processus tels que la mondialisation et la migration, prendre en compte la dimension intersubjective est nécessaire pour comprendre concrètement la manière dont les vulnérabilités des femmes migrantes se développent. Pour saisir cette dimension, la présente intervention se penche sur le système global de reproduction sociale qui englobe les régimes de reproduction sociale des pays dans lesquels les femmes migrantes mènent leur vie. S’appuyant sur deux études qualitatives menées séparément auprès des femmes migrantes philippines au cours des périodes 2005-2008 et 2016-2017, elle présente les cas d’une mère migrante en France et d’une femme migrante divorcée aux Pays-Bas.

L’analyse de ces cas démontre que les vulnérabilités des femmes migrantes philippines ne sont pas individuelles mais liées aux vulnérabilités d’autres personnes dans leurs familles qui sont receveuses et/ou donneuses de care et qui sont prises, comme elles, dans un système de reproduction sociale.

Adelina MIRANDA, Université de Poitiers, MIGRINTER

Repenser les études migratoires à l’aune du genre et de l’intersectionnalité

Cette communication s’articule autour de deux volets. Le premier propose un retour sur comment l’adoption de la perspective de genre a ouvert des questions fondamentales aux études migratoires. Le second approfondira comment la perspective de l’intersectionnalité a permis d’éclairer l’enjeu des rapports de rapports de pouvoir dans les situations migratoires. Cette perspective positionne la question du genre dans un débat plus large et permet d’opérer un retour critique sur les théories et les concepts des études des migrations, dans une vision pluridisciplinaire articulée avec une réflexion féministe.

Aux racines du mâl(e) - le continuum des violences

 Vendredi 06 juin 9h30-11h30, Palais du Pharo

Amphi batiment C

Animation : Isabelle Régner, AMU, VP égalité

Odome Angone, Université Cheikh Anta Diop de Dakar

#OùSontLesFéministes? Une critique sur le champ lexical des cyberviolences de genre en Afrique francophone

Un phénomène est en marche et qui prend forme au travers de ma contribution. Il s’agit de ce que l’on pourrait appeler désormais les dérives liées aux nouvelles utopies de la contestation dans le cyberespace ou plutôt le transfert vers le cyberespace des tensions catégorielles existantes au sein du tissu social. Il apparaît en effet que la liberté d’expression en ligne n’est pas une donnée absolue, qu’elle est certes porteuse de promesses en ce qu’elle offre de nouvelles perspectives pour un espace public « augmenté », mais elle présente aussi des dérives évidentes.

À la lumière de ce qui précède, au croisement des humanités numériques et des questions féministes antiracistes, notre perspective analyse les cyberviolences de genre à partir de cas pratiques en Afrique francophone. Il s’agira d’explorer les mécanismes de silenciation à l’encontre des femmes à l’œuvre dans le cybermonde, en tant que signe symptomatique d’une dématérialisation du patriarcat à l’ère du digital.

Karine Lambert, Université Nice-Côte d’Azur, Telemme

Briser le silence des mortes. 

Anatomie de crimes-sexospécifiques ( France-Premier XIXème siècle)

L’objectif de cette communication est d’explorer, dans une perspective historique, les enjeux de pouvoir inhérents aux crimes sexo-spécifiques et de comprendre les conditions sociopolitiques qui les rendent possibles. Le féminicide intime se situe à la frontière du privé et du public et à la croisée des normes sociosexuées.
La mise à mort d’épouses ou de compagnes, acmé d’un continuum de violences qui ressurgissent lors du procès judiciaire, permet de retracer l’histoire de la domination patriarcale, de l’emprise viriliste, ainsi que des mécanismes d’appropriation et de domestication des femmes par les hommes. Cependant, l’analyse de l’inscription de ces crimes dans la dynamique familiale et dans le tissu social met également en lumière, de façon discrète mais significative, les stratégies féminines de résistance, souvent interstitielles. À partir d’analyses micro-historiques de dossiers judiciaires pour « meurtre de l’épouse », nous interrogerons les « certitudes incertaines » véhiculées par les discours des témoins, des victimes, des criminels et de leurs juges, tels qu’ils apparaissent lors des procès et sont consignés dans les archives de la Cour d’Assises du Var des premières décennies du XIXème siècle. Ces récits témoignent de la généalogie complexe des féminicides.

Séverine Lemière, IUT Paris Rives de seine – Mage, présidente de l'association FIT une femme un toit 

Quand les violences conjugales passent la porte des entreprises. 

Environ la moitié des victimes appelant le 3919 sont en emploi. Tous les jours, pendant quelques heures, elles quittent le lieu des violences et leur agresseur. Cette communication s'intéressera aux conséquences professionnelles des violences conjugales, les violences ne restent pas à la porte de l'entreprise. Et depuis récemment en France, les employeurs commencent à s'engager auprès de leurs salariées victimes. En s'appuyant notamment sur une recherche-action chez EDF et différentes expériences de terrain, il s'agit de penser l'engagement des employeurs, sa complexité, ses enjeux et ses risques sur un sujet semblant si éloigné de leurs compétences.

 



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